Quel tuto de musique serait interessant

a marqué ce sujet comme résolu.

Le principe le paraît intéressant, mais ça semble également délicat à bien faire. Rien d’impossible cependant, mais le problème en partant d’un niveau 0 (qui n’en est peut-être pas un d’ailleurs), est que j’ai toujours peur de donner de mauvaises habitudes.

Je n’avais pas pensé à ça. Cela dit, à partir du moment où le lecteur a un piano et un métronome à dispo pour suivre un tuto de musique, on peut supposer assez sereinement que c’est quelqu’un d’intéressé et qu’il aura eu quelques cours/quelqu’un pour lui parler des éléments techniques de base (doigté/passage de pouce/position des poignets…).

Après, mon but est surtout que le lecteur se concentre sur ses oreilles. Je me rajoute la contrainte "zéro solfège" surtout parce que j’estime qu’il n’y en a vraiment pas besoin pour ce tuto (je vois déjà comment faire les vidéos/images d’exemple avec le clavier visuel de MuseScore plutôt que les partitions…), et que je voudrais essayer d’aborder la théorie "par les oreilles", plutôt que par l’intermédiaire du support écrit.

Bon, cela dit j’en ai déjà un bon début d’écrit dans un billet, je vais le bouger dans un tuto et coller tout ça en bêta. On jugera sur pièce. :)

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Quand je dis "de zéro", cela veut dire :

  • zéro solfège,
  • zéro expérience.

Les seuls prérequis sont un clavier, un métronome et deux oreilles (quoique, on peut s’en sortir avec une seule).

Je viens de trouver un moyen de rendre l’instrument optionnel pour suivre ce tuto : la bêta est ici.

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Il n’y a pas longtemps je suis tombé sur playpopsongs.
C’est un peu le niveau 0, mais de temps en temps il y a des choses très intéressantes non évidentes.

Ryx

C’est le genre de chaînes que je n’aime pas trop, personnellement, même si on trouve des vidéos pas mal une fois de temps en temps. J’en connais beaucoup d’anglophones dans ce genre (plus orienté jazz, bien sûr, comme Jeff Schneider typiquement, ou Jazz Duets), et je trouve que c’est un piège de vouloir faire des vidéos "bite-size" de quelques minutes : ça fait beaucoup de quantité mais globalement très peu d’utilité.

Après il y a des gens à qui ça semble convenir et qui se sentent progresser grâce à ça ; tant mieux pour eux, mais je ne suis pas fan du format "macdo-youtube" pour la musique.

Edit : par exemple la vidéo "5 fills au piano" aborde des sujets qui peuvent être intéressants, mais y’a plusieurs choses qui m’embêtent :

  • fill n°1 : c’est pas le truc que tout le monde fait dès le début sans même y réfléchir en jouant Imagine ? Y’a vraiment besoin de le mentionner ?
  • fill n°2 et 3 : Ah ! Là on a une info sympa, mais je ne vois pas l’intérêt de vulgariser à ce point le vocabulaire. Je ne sais pas si le terme "enrichissement" est vraiment le bon, typiquement. En français je sais qu’on appelle ça des superstructures (mais bien sûr le terme fait plus peur et ça demande de prendre 5 minutes pour expliquer ce qu’elles sont, d’où elles viennent et pourquoi elles s’appellent comme ça), ou des extensions, ou des couleurs, mais c’est la première fois que je croise ce terme d’enrichissements. Il parle ensuite de seconde et de quarte au lieu de "neuvième" et de "onzième". Ok pourquoi pas, puisqu’il a fait l’impasse sur la notion de superstructure (partant de là y’a pas de raison logique d’ajouter une octave au nom de ses "enrichissements"), mais ses auditeurs ont-ils vraiment appris ces notions de "seconde" et de "quarte" d’un accord ? Et si l’accord est mineur, comment ça se passe ?
  • fills 4 et 5 : c’est du remplissage…

Au final, il n’explique même pas que ses 5 fills sont juste "5 niveaux de difficulté technique croissante", il donne juste ses 5 astuces. Avec une vidéo de quelques minutes de plus, il aurait pu armer ses auditeurs pour les habituer à trouver eux-mêmes leurs "fills" et expliquer ce qu’il ne faut pas faire.

Du coup, j’ai l’impression que la seule vraie valeur ajoutée de la vidéo, c’est un mot de vocabulaire ("fill"), et que le reste aurait été trouvé par les gens tous seuls, sans la vidéo.

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Je comprends ton point de vue. Et j’approuve totalement.
J’ai beaucoup de mal à avoir du recul sur les notions de base en fait.
Un truc que j’avais apprécié quand même c’était la vidéo "comment finir en beauté" (même si je ne la trouve pas pertinente sur la forme), simplement d’un point de vue harmonique : la cadence IV-IVb6-I que je ne connaissais pas et qui est ultra-efficace.

la cadence IV-IVb6-I que je ne connaissais pas et qui est ultra-efficace.

IVb6 pour approcher la tonique par le demi-ton supérieur. Ça me fait penser à une substitution tritonique du V…

Tu piques ma curiosité, je vais regarder ça de plus près, tiens !

Edit : Ah, je viens de voir la vidéo. C’est pas trivial en effet ! Il approche son C par un B♭9 (il appelle ça un Fm6/B♭, pourquoi pas, ça marche aussi). Un ton en-dessous. Je crois avoir déjà vu ça expliqué comme un emprunt d’un accord (♭VII9…) d’une tonalité mineure parallèle : Do mineur naturel.

Je vais chercher la vidéo en question.

Edit2: Bingo ! En fait il est pas si mal JazzDuets. :D

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Le problème que j’ai avec le B$\flat$9, c’est que justement c’est un VII, et qu’en harmonie classique ça existe pas en fait, parce que les VII sont des V7 sans fondamentale. Une théorie reste un model, qui à défaut d’être juste est utile.

Ma tentative d’explication en théorie classique serait que l’on est en effet en Dom et non en DoM. On passerait alors du mode dorien (accord de FaM) au mode mineur (accord de Fa$\flat$6 vu comme un accord de V7-9 sans fondamentale auquel on peut ajouter une 11ème (le Do)). Et on conclut sur un I en Dom avec une tierce picarde.

Sinon, au lieu de voir l’accord comme un V7-9-11, on peut oublier le Si$\flat$ (qui n’est en effet pas si important) et voir ça comme un IVm avec une note de passage (la sixte).

Bon je suis pas ultra convaincu par l’accord de dominante, mais je le suis beaucoup plus par la tierce picarde qui sonne vraiment comme telle.

Le problème que j’ai avec le B♭9, c’est que justement c’est un VII, et qu’en harmonie classique ça existe pas en fait, parce que les VII sont des V7 sans fondamentale.

Oui. C’est pour ça que le IVm6 marche aussi dans la version "c’est un échange modal" (d’ailleurs je crois avoir lu quelque part que c’est le seul échange modal accepté par l’harmonie classique).

L’harmonie du jazz est beaucoup plus souple sur ces règles parce que le but est de trouver des explications les plus immédiates possibles pour que ce soit pratiquable : vu que le champ des sonorité s’est élargi par rapport à l’époque classique (on va jusqu’aux accords de treizième altérés), on a besoin de règles simples pour s’accommoder. Cela dit un degré VII, même en jazz ça fait hausser le sourcil, et souvent c’est signe qu’on a raté une modulation ou bien une explication plus simple (quand c’est un accord 7 diminué, y’a souvent des explications plus faciles à aller chercher), mais il y a des cas ponctuels dans lesquels on accepte de prendre ce raccourcis quand ça diminue le nombre d’explications, et dans ce cas on considère qu’il occupe la fonction dominante (c’est cohérent avec l’interprétation du V sans fonda).

Mon raisonnement est le suivant en fait :

  • l’accord est précédé d’un IV et suivi d’un I dans une cadence finale, donc en jazz, l’hypothèse la plus probable est que c’est soit une altération, soit une substitution du V dans un IV-V-I.
  • on n’a ni la fondamentale, ni la tierce de G7, donc il manque les deux tiers de sa trace ADN (fonda, tierce, septième). C’est beaucoup trop léger pour le considérer comme un G altéré, donc c’est une substitution.
  • le plus souvent, un accord 7 est substitué par un autre accord 7 ou diminué (à cause de la sonorité), donc je vais chercher à le lire comme un accord 7 en priorité. Les accords de dominante ont une propriété particulièrement pratique en jazz : ils acceptent toutes les altérations, donc on pourrait s’asseoir sur le clavier que ça marcherait quand même comme un accord de dominante altéré. :D
  • le mouvement de basse insiste sur le Si♭ pour approcher la tonique par le ton en-dessous, mais il n’est pas "logique" : cette approche n’est ni chromatique, ni diatonique et ce n’est pas une pédale. Je regarde : on a toutes les tierces empilées d’un B♭9. Dans ces conditions, je préfère ne pas le noter comme un slash chord.

Après, honnêtement, ce qui importe c’est surtout que dans le contexte, il est super classe.

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Oui, je suis d’accord que la théorie classique trouve quelques limites là. J’ai cherché dans tous les sens pour le faire passer pour un accord de quinte diminuée (ce qui pour le coup est très bien expliqué en théorie classique), mais il faudrait un si bécarre.
Alors même si avec un bécarre, ça sonne toujours correctement, c’est plus la même chose.

Alors même si avec un bécarre, ça sonne toujours correctement, c’est plus la même chose.

Ah oui, en jazz aussi avec un Si bécarre à la place du Do, ça devient un Fa diminué (F°7), et là c’est beaucoup plus immédiat : "un accord diminué c’est un accord de dominante déguisé", soit, ici, un G7♭9 sans fondamentale avec une ♯9 à la basse, bref un Sol altéré, on retombe sur notre IV-V-I et les moutons sont bien gardés. :D

Arf, on est parti loin du sujet…

D’un autre côté j’adore ce genre d’analyse. Une fois qu’on a pigé les mécanismes de base ça devient un jeu d’énigmes, et on se met à adorer tout ce qu’on n’arrive pas à expliquer. :D

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Je me suis récemment fait la réflexion suivante :

  • en musique, j’aime bien les trucs un peu tordus, les notions pas trop évidentes mais qui sont pertinentes (cf les quelques derniers posts)
  • les gens normaux veulent comprendre des choses pas trop compliquées et n’ont pas forcément de bases en béton armé deutsche qualitët

En gros, il faut que je trouve un moyen simple et efficace de parler de notions compliquées. Récemment je suis tombé sur la chaîne "tier zoo" que j’ai trouvé excellentissime, parce qu’elle utilise des expressions et du vocabulaire de jeu vidéo pour expliquer des concepts biologiques.

Je me demande donc s’il y aurait moyen de "gamifier" un peu la musique, parce que quand je relis le début de tuto que je suis en train d’écrire en me mettant à la place de quelqu’un ayant des notions de base en musique, je me dis que c’est plutôt lourd à digérer, type raclette+fondue+cassoulet au petit déjeuner.

TL;DR

Si tu dois mentionner une notion qui sort du sujet même du tutoriel, pourquoi ne pas "faire entendre" les choses, y adjoindre simplement le(s) nom(s) que ça porte en théorie, et renvoyer vers une ressource (ou une partie optionnelle du tuto) qui l’explique "pour les curieux" ?

Il y a plusieurs choses qui rendent la théorie musicale difficile à digérer selon moi.

C’est aussi une des difficultés du tuto que j’écris en ce moment et que j’essaye de dépouiller de tout ce qui n’est pas immédiatement compréhensible en l’écoutant avec un clavier de piano comme référence visuelle.

Quelques-unes de mes réflexions, en vrac.

La théorie musicale est une collection de notions (descriptives), alors que la croyance populaire a plutôt tendance à la voir comme une collection de règles (prescriptives). La théorie musicale est descriptive.

On pourrait croire qu'il faut connaître les "règles" pour faire de la musique, mais on ne sait même pas quelles notions théoriques sont importantes et lesquelles sont anecdotiques : la théorie musicale n’est pas belle et structurée.

C’est l’objet de cette théorie qui est beau et il y existe une infinité de trajectoires différentes et complémentaires dans la théorie pour découvrir cet objet.

Je pense qu’en étalant sur une table toutes les notions dont on parle dans un tutoriel, on en trouvera toujours qui ne sont pas indispensables pour le public dudit tutoriel. On peut donc s’en débarrasser, et dire moins de choses en ne gardant que celles qui sont vraiment utiles pour ce public et son contexte.

La théorie est généralement enseignée en se servant du solfège et des partitions écrites, ce qui repousse la plupart des débutants. S’ils voient une partition dans une vidéo, leur cerveau se ferme automatiquement ("je sais pas lire ça, j’y connais rien, je ne peux pas comprendre"). Cela les détourne de ce qu’ils écoutent, alors qu'écouter est la chose la plus importante à faire car pour comprendre quelque chose en musique, il faut déjà le percevoir et l'entendre dans sa tête.

Je suis convaincu que le solfège n’est pas indispensable la plupart du temps, et que l’on devrait transmettre les choses telles que nous les vivons plutôt que les enseigner telles qu’on les a théoriquement apprises.

À force d’user et d’abuser de notions théoriques pour communiquer, on donne l’impression que la musique, c’est 90% de théorie alors qu’en realité c’est 100% de pratique et d’écoute.

La théorie, c’est d’abord un vocabulaire commun. Ce n’est pas seulement en lisant un dictionnaire que l’on apprend la musique. C’est d’abord en écoutant et en cherchant à entendre les notions dont on parle. Ce n’est pas un hasard si entendre et comprendre sont synonymes dans beaucoup de langues.

Edit : en fait ça sonne un peu comme un credo. :)

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Je suis perplexe.
Non pas que je ne sois pas d’accord, loin de là, vu que j’ai de très mauvais souvenirs de lectures de notes pendant mes années de solfège.

Si l’on en croit wikipapi, "Le solfège désigne une méthode d’apprentissage de la musique faite d’exercices de lecture et d’audition musicales". Dans cette optique, j’avoue ne pas être fan à 100% du solfège, même c’est cependant très important notamment pour jouer de la musique classique (vas t’en jouer du Chopin si tu ne sais pas lire les notes, d’est mort).

En revanche, j’avoue avoir beaucoup de mal à voir comment on peut comprendre et améliorer et non simplement imiter si on ne s’intéresse pas au pourquoi du comment. Et pour ça, on a besoin d’un peu de théorie.

Il y a plein de morceaux où je m’était dit par exemple : "ah, ça sonne très bien, je sais rejouer exactement la même chose, mais s’il faut changer de contexte, de tonalité, de mode, je suis incapable de faire l’équivalent", et puis j’ai analysé le truc et finalement "ah mais c’est tout con en fait, c’est un emprunt à la relative III=I avec retour sur le VI=I".

En gros, je ne vois pas comment on peut parler de notions non triviales (genre modulations ou emprunts, cadences, …) sans partition.

Ceci dit, je ne sais pas non plus comment présenter ces notions de manière sympa.

PS : il ne faut pas me faire dire ce que je n’ai pas dit, je suis pour l’écoute (et ça se voit vu le nombre d’exemple que j’essaie de mettre dans mes tutos).

EDIT: Pour le moment je songe a mettre des points "hardcore" dans mes tutos, avec des notions qui rentrent dans le cadre du tuto, mais qui sont un plus un peu plus compliqué à comprendre.

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En revanche, j’avoue avoir beaucoup de mal à voir comment on peut comprendre et améliorer et non simplement imiter si on ne s’intéresse pas au pourquoi du comment. Et pour ça, on a besoin d’un peu de théorie.

Je suis complètement d’accord avec ça. Je pense juste qu’on devrait essayer d’expliquer les notions théoriques (le vocabulaire) en recourant le moins possible à la notation au début. Dans mon tuto par exemple j’essaye de faire entendre ce que c’est qu’une tonalité : ça me demande de décomposer l’idée en petits morceaux audibles, de trouver des exemples sonores pour aider les gens à entendre ce dont il s’agit dans un morceau donné (un morceau bien réel, de vraie musique, mais dans lequel c’est facile d’entendre les éléments constitutifs de la tonalité).

Ce qui me conforte dans cette voie et dans l’idée que c’est possible, c’est qu’une grande partie de la musique (le jazz, encore lui…) s’est longtemps transmise de façon orale/aurale (… alors que les notions concernées sont non triviales) : quand on regarde les cours de Barry Harris (un grand pédagogue du jazz, auquel on doit plein d’idées et de gammes) sur YouTube, on voit bien qu’il explique tout un tas de choses complexes sans jamais rien écrire : juste en chantant, en jouant et en parlant. Encore plus impressionnant, Leonard Bernstein a réussi à expliquer l’évolution de la musique de la préhistoire jusqu’au milieu du XXe dans un cours d’une douzaine d’heures à Harvard ("The Unanswered Question", on en trouve facilement la vidéo sur Youtube), sans jamais (ou presque) se reposer sur le solfège dans ses explications.

Après je ne suis pas du tout contre l’écriture (je l’utilise tous les jours !), mais je pense qu’avant de l’introduire, on devrait montrer tout ce qu’il est possible d’apprendre sans elle, notamment pour casser l’idée préconçue "si je ne sais pas lire la musique, je ne peux ni l’apprendre, ni la comprendre".

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Bonsoir, je trouve vos idées concernant la musique très intéressantes ! Je m’intéresse à la création de musique par ordinateur et je ne sais pas par où commencer, si possible gratuitement, je n’ai pas de samples et je prèfères les notes faites soi-même, à l’oreille, voilà ;) J’aimerais bien être capable de créer mes musiques de jeux mais pas des musiques à la mario ou sonic mais des musiques modernes, qu’on peut à la rigueur utiliser pour un film.

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J’avoue être dubitatif quand aux méthodes actuelles d’enseignement de musique par ordinateur. La pluspart des tutos que j’ai vu se basent que la partie logiciel, en utilisant des samples prédéfinis (voire carrément des séquences de musique) et le boulot du compositeur consiste à les arranger pour que ça sonne bien.

Mon syndrome "vieux con" au stade terminal me pousserait à dire que c’est nul, et en effet, il me semble un peu complexe de faire de la (bonne) musique sans bases solides en solfège et en harmonie. Cette approche "casualise" (déso pour l’anglicisme, c’est le mot qui traduit le mieux le concepte) la composition : plus besoin d’apprendre les trucs chiants, les notes, les rythmes, etc. : on fait tout "à l’oreille".

A vrai dire, je pense que c’est très efficace pour faire de la musique ok/20, mais ce n’est jamais comme ça que l’on fera de la bonne musique (type Zimmer ou Bergersen). Mais le probllème, c’est que l’apprentissage de la musique est long et difficile et que pour composer de la musique type de film, il faut savoir composer, instrumenter, orchestrer, et ça c’est difficile et long, et surtout il y a peu de ressources en ligne (je suis toujours à la recherche d’un truc conséquent en orchestration qui ne soit pas un vieux traité comme celui de Berlioz, qui par ailleurs est très bien).

Je n’ai pas vraiment de réponse, mais seulement des pistes de réflexion, donc si vous avez de quoi faire avancer le débat, je suis preneur.

Dès que j’aurais un peu de temps (ie d’ici la fin de l’année j’espère), je me mettrai bien à composer un peu plus avec un logiciel, mais juste pour le rendu.

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Mon syndrome "vieux con" au stade terminal me pousserait à dire que c’est nul, et en effet, il me semble un peu complexe de faire de la (bonne) musique sans bases solides en solfège et en harmonie. Cette approche "casualise" (déso pour l’anglicisme, c’est le mot qui traduit le mieux le concepte) la composition : plus besoin d’apprendre les trucs chiants, les notes, les rythmes, etc. : on fait tout "à l’oreille".

J’aurais envie de tempérer un petit peu.

Bon, tout d’abord, on est bien d’accord : la musique, ça demande des bases théoriques, il faut comprendre le rythme, les intervalles, les accords, les bases de l’harmonie, mais ces derniers temps, je remarque que ça demande aussi une sensibilité plus générale, comprendre dans ses tripes le mécanisme de tension et de résolution (qui sont presque complètement indépendants de la théorie) et par exemple le retrouver dans ce qu’on écoute, ou bien dans la réalisation des films et des jeux vidéos, comprendre ce qu’est un motif, comment on peut se servir d’un motif comme de la pâte à modeler pour conjuguer des idées, etc.

Ces choses là demandent de travailler son oreille et sa sensibilité ainsi qu’énormément d’écoute, et sont, dans la pratique, tout aussi importantes que les bases théoriques. Du coup ça ne me choque pas du tout que des logiciels de samples soient utilisés pour apprendre la musique.

Il faut aussi bien noter qu’aujourd’hui, le timbre du son est devenu aussi important que sa hauteur : les accords sont une façon de texturer la musique, les sons en sont une autre, tout autant utilisée. Aujourd’hui, même avec de très bons accords, si un son n’est pas le bon (comme en témoigne sans le vouloir le post d'@Abou ), eh bien ça ne marche juste pas. Du coup ça a du sens d’apprendre à travailler le son : ça demande quasiment 0 théorie, ça ne remplace pas l’harmonie et ces choses-là, mais c’est tout aussi vital.

J’aimerais bien être capable de créer mes musiques de jeux mais pas des musiques à la mario ou sonic mais des musiques modernes, qu’on peut à la rigueur utiliser pour un film.

Hmm, tu sais, il y a beaucoup plus de génie dans la musique que Koji Kondo a composée pour Mario (et qu’on connaît tous), que dans la plupart de celles que tu entends jouées par des orchestres symphoniques dans les jeux récents. Et souvent, les meilleures compos partent de là.

Un exercice auquel je me suis prêté il y a quelques mois, c’était de composer des mélodies avec des contraintes de support. Par exemple :

  • Pour une boîte à musique : t’as pas accès à toutes les notes, et tu dois éviter de jouer des notes en même temps à moins qu’elles soient espacées par un intervalle assez grand, éviter de répéter une note, parce que ton support est un papier ou un carton percé, donc si tu ne respectes pas ces contraintes, tu le fragilises et il risque de se déchirer.
  • Pour du 8 bits façon Game Boy : 4 canaux, un pour les percussions, trois pour la musique, et un ensemble de formes d’ondes très limité. Pour écrire un truc qui swingue comme Mario, il faut réduire la musique à son essence la plus simple, le rythme.

Eh bien en partant de là, je suis arrivé à une mélodie rigolotte à la Mario :

J’en ai repris le matériel principal de ce thème (son harmonie sous-jacente) pour en faire une mélodie de boîte à musique (parfait pour un Game Over ou les crédits de fin):

Et partant de là, sur un piano, tu peux le passer en mineur (game over, t’as perdu, ou bien le héros est désespéré), changer le tempo, le jouer plus GROS, en jazz (niveau urbain la nuit), ou bien sur un rythme de tango grandiose et dramatique en mineur (BOSS DE FIN !) et changer totalement sa couleur alors que le matériel de base est strictement le même, et c’est comme ça que tu peux composer non seulement UN titre, mais TOUTE UNE BO cohérente qui sert une histoire.

Avant de courir, il faut marcher, et avant de marcher il faut se tenir debout. Et je pense que n’importe quel compositeur pourra te dire que c’est en réduisant tes idées à leur expression la plus simple et en soignant cette forme simple que tu peux ensuite décliner des compos grandioses et variées de plusieurs heures.

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Pour du 8 bits façon Game Boy : 4 canaux, un pour les percussions, trois pour la musique, et un ensemble de formes d’ondes très limité

Tu peux préciser un peu stp ? Je vais tenter l’exercice :-)

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Salut, moi je suis entre ryx et Nohar au niveau de l’idée, c’est à dire que d’ccord comme ryx je pense que utiliser des samples c’est pas de la vraie composition, car pour moi la comosition c’est exprimer des sentiments, un peu comme une histoire qu’on raconte ou une poèsie avec une histoire, et comme Nohar je pense que l’oreille est importante, mais je pense qu’une personne habituée à écouter des musiques de tous types, est capable à l’oreille de composer une musique exprimant des sentiments avec une histoire, un peu comme un conteur (j’écris d’ailleurs des contes), et je cherche un moyen gratuit de composer à l’oreille, bien sûr je tiens compte du rythme de l’histoire et de son timbre, ça varie selon la scene à décrire, le contexte courant de l’histoire. Mon idée c’est qu’avec l’oreille on peut créer en utilisant des notes, des rythmes, des timbres, et sans utiliser de samples. c’est le genre d’instrument virtuel que je cherche.

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mais je pense qu’une personne habituée à écouter des musiques de tous types, est capable à l’oreille de composer une musique exprimant des sentiments avec une histoire, un peu comme un conteur (j’écris d’ailleurs des contes), et je cherche un moyen gratuit de composer à l’oreille

Attention, à l’oreille ne veut surtout pas dire à l’arrache. Si je suis capable de faire tout un tas de trucs à l’oreille aujourd’hui (y compris improviser sur un morceau que je ne connais pas), c’est parce que j’ai entraîné mon oreille à reconnaître du vocabulaire et de la grammaire musicale que j’ai étudiés ("Ah, tiens, ça c’est un V-I, et on tombe sur un… Ré mineur, ok, et ça sonne Dorien, parfait, je vais jouer en Ré dorien alors") : tout comme tu ne peux pas écrire correctement une histoire en français si tu ne sais pas au moins faire des phrases (sujet verbe complément) et que tu ne respectes pas une forme dans la narration (exposition, élément perturbateur, développement, point culminant, épilogue…), il est tout autant important de comprendre comment fonctionne la musique du point de vue sémantique : chaque genre que tu écoutes a ses "règles" propres. Il ne s’agit pas de les apprendre de façon théorique, mais de disposer de suffisamment de théorie (comprendre par là de vocabulaire) pour être capable de les décrire, parce que c’est le seul moyen de les comprendre et de les réappliquer plus tard.

Sans ça il existe d’innombrables travers dans lesquels tu vas forcément tomber. Pour en citer seulement quelques uns :

  • Ne pas répéter les motifs qui constituent tes idées (dans ce cas ce qu’on n’écrit n’a juste aucun sens),
  • Ne pas transformer tes idées pour les développer,
  • Ne pas créer de tensions (dans ce cas ce qu’on écrit est plat, et donc au bout de 30 secondes on s’ennuie et n’écoute plus),
  • Ne pas soigner la courbe d’attention,
  • Se contenter de copier des phrases qu’on a repiquées à droite à gauche, même inconsciemment (dans ce cas, on ne fait rien d’original ou de vraiment personnel…).
  • Ou bien au contraire, mettre un point d’honneur à vouloir absolument faire quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre (dans ce cas, on fait quelque chose qui ne ressemble juste à rien, et donc est incompréhensible).

Et il ne suffit pas d’être conscient de ces erreurs pour les éviter. Il s’agit d’éliminer leur source commune.

De même quand je parle d’écoute, il ne suffit pas d’avoir de la musique dans les oreilles h24, mais bel et bien de se donner, très régulièrement, un moment où on écoute activement de la musique, en analysant ce qu’on écoute, en le décomposant, etc. Si tu ne disposes pas du bagage théorique minimal pour décomposer ce que tu entends, c’est juste du temps perdu.

C’est un peu comme si tu disais que tu voulais apprendre le mandarin juste en essayant de parler avec les gens, sans étudier les mécanismes de base de la langue. Tu ne peux pas simplement juxtaposer des sons et espérer que ç’ait un sens.

Pour continuer le parallèle avec le langage : si je dis en français le petit chien court dans le jardin. Tout le monde comprend car tout le monde sait à quoi ressemble un chien, connaît la notion de petit ou grand, sait ce qu’est de courir, et peut facilement imaginer un jardin. Maintenant imagine que tu veuilles parler un langage dans lequel aucun de ces mots n’existe : il n’existe pas de représentation musicale pour un chien, c’est à toi d’établir ton sujet, de façon à ce que les gens le visualisent. Une fois que tu as réussi à faire ça, encore faut il savoir, culturellement, comment on exprime quelque chose de petit et qui court. Si c’est déjà difficile d’apprendre à le dire en chinois en connaissant les bases de la grammaire et du vocabulaire mandarins, comment peut-on espérer faire la même chose en musique sans piocher dans des constructions qui sont culturellement partagées, et surtout, comment le faire sans disposer du vocabulaire qui permet de se décrire à soi-même ces constructions ?

Autre parallèle, prends un bébé qui apprend à parler. Il commence par babiller, et va progresser ensuite jusqu’à ce qu’il comprenne assez la langue pour que l’on puisse lui expliquer en théorie (ce qu’est un verbe, un nom, un adjectif, un sujet, un complément…) : s’il ne passe pas par ce stade théorique, dont le seul rôle est de démultiplier sa progression, alors ses moyens d’expressions seront fatalement limités, toute savie, au niveau de discours d’un enfant de 4 ans. Comment pourrait on espérer qu’il en soit différemment en ce qui concerne la musique ?

@qwerty : il faudra que je te retrouve une source pour ça. Je n’ai pas non plus cherché à reproduire les ondes de la GameBoy, simplement j’ai fureté à droite à gauche pour comprendre les contraintes du format.

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Attention, à l’oreille ne veut surtout pas dire à l’arrache. Si je suis capable de faire tout un tas de trucs à l’oreille aujourd’hui (y compris improviser sur un morceau que je ne connais pas), c’est parce que j’ai entraîné mon oreille à reconnaître du vocabulaire et de la grammaire musicale que j’ai étudiés ("Ah, tiens, ça c’est un V-I, et on tombe sur un… Ré mineur, ok, et ça sonne Dorien, parfait, je vais jouer en Ré dorien alors") : tout comme tu ne peux pas écrire correctement une histoire en français si tu ne sais pas au moins faire des phrases (sujet verbe complément) et que tu ne respectes pas une forme dans la narration (exposition, élément perturbateur, développement, point culminant, épilogue…), il est tout autant important de comprendre comment fonctionne la musique du point de vue sémantique : chaque genre que tu écoutes a ses "règles" propres. Il ne s’agit pas de les apprendre de façon théorique, mais de disposer de suffisamment de théorie (comprendre par là de vocabulaire) pour être capable de les décrire, parce que c’est le seul moyen de les comprendre et de les réappliquer plus tard.

Je suis le premier à être d’accord avec cette vision des choses. J’ai beau dire, je fais énormément de choses "à l’oreille", notamment beaucoup d’impro.

L’écrit dans la musique est un support plus qu’autre chose. Cet écrit est indispensable dans certains cas, par exemple lorsque l’on doit être beaucoup à jouer quelque chose. Dans le jazz, les effectifs sont réduits (quelques instruments) et il y a moins de contraintes harmoniques, d’autant plus que l’harmonie sous-jacente est parfois prédéterminée (genre grille de blues). Au contraire, dans la musique symphonique, il y a plusieurs instruments, parfois la centaine, dont plusieurs fois les mêmes (qui font souvent la même chose, eg. violons, cuivres), et on ne peut pas laisser tout le monde en faire à sa tête, d’autant plus que des maladresses (type quintes parallèles entre deux instruments) vont s’entendre fort. Il faut donc être précis sur qui fait quoi : c’est pour moi la raison principale de la nécessité d’une musique écrite.

Dans le cadre de la composition, quoi que l’on fasse (support écrit, logiciel utilisant des samples), il me semble essentiel de savoir théoriquement ce que l’on fait : est-ce que l’on fait une phrase suspensive ? Est-ce que l’on prépare une cadence conclusive ? Connaître la théorie même sans savoir écrire, ça permet d’être au courant de ce que l’on peut faire. Par exemple : je dois préparer une cadence parfaite, juste avant la dominante je peux faire un IV, un ii, un V de V, une sixte napolitaine, etc. Dans l’absolu, pas forcément besoin de partition, mais l’avantage d’écrire est que ça permet de repérer des grosses bourdes que l’on n’entend pas forcément à l’oreille, qui ne sonnent pas foncièrement mal, mais qui pourraient sonner bien mieux (un accord uncomplet, une mauvaise doublure).

Mon aperçu sur la composition par ordi est que les tutos là-dessus vendent des méthodes "miracles" pour composer des trucs qui sonnent bien avec 0 théorie musicale nécessaire. Alors oui, le résultat n’est pas dégueu, mais il vient plus de la qualité des samples que de la composition. Du Beethov sous Musescore, ça à beau être du Beethov ça sonnera moche.

Sans ça il existe d’innombrables travers dans lesquels tu vas forcément tomber. Pour en citer seulement quelques uns :

  • Ne pas répéter les motifs qui constituent tes idées (dans ce cas ce qu’on n’écrit n’a juste aucun sens),
  • Ne pas transformer tes idées pour les développer,
  • Ne pas créer de tensions (dans ce cas ce qu’on écrit est plat, et donc au bout de 30 secondes on s’ennuie et n’écoute plus),
  • Ne pas soigner la courbe d’attention,
  • Se contenter de copier des phrases qu’on a repiquées à droite à gauche, même inconsciemment (dans ce cas, on ne fait rien d’original ou de vraiment personnel…).
  • Ou bien au contraire, mettre un point d’honneur à vouloir absolument faire quelque chose qui ne ressemble à rien d’autre (dans ce cas, on fait quelque chose qui ne ressemble juste à rien, et donc est incompréhensible).

Et il ne suffit pas d’être conscient de ces erreurs pour les éviter. Il s’agit d’éliminer leur source commune.

De même quand je parle d’écoute, il ne suffit pas d’avoir de la musique dans les oreilles h24, mais bel et bien de se donner, très régulièrement, un moment où on écoute activement de la musique, en analysant ce qu’on écoute, en le décomposant, etc. Si tu ne disposes pas du bagage théorique minimal pour décomposer ce que tu entends, c’est juste du temps perdu.

C’est un peu comme si tu disais que tu voulais apprendre le mandarin juste en essayant de parler avec les gens, sans étudier les mécanismes de base de la langue. Tu ne peux pas simplement juxtaposer des sons et espérer que ç’ait un sens.

nohar

Ce qui me rassure avec Nohar, c’est que même si l’on est dans deux traditions musicales différentes (d’aucuns diraient opposées), on est d’accord sur les principes fondamentaux de l’apprentissage de la musique.

Oui pour le coup je pense qu’on est exactement sur la même longueur d’onde. Malgré les approches différentes que nous avons de la musique où les genres différents qui nous intéressent, on est d’accord sur l’essentiel : la musique, ça s’apprend, il y a des fondations indispensables à maîtriser si on veut faire quelque chose qui tient la route, même si on peut avoir l’impression que taper sur un bout de bois est déjà de la musique et que c’est au final aussi intuitif que ça.

C’est un peu comme pour le dessin : on dessine tous depuis qu’on a 2–3 ans, toujours est-il qu’entre les bonshommes patates qu’on dessine à 3 ans, et un dessin vraiment intéressant à regarder, il y a toute une étude, parfois peut-être inconsciente, de la perspective, de la composition, de l’anatomie, de la lumière… Même si tout ça ne demande, grossièrement, qu’un crayon et un papier, il ne suffit pas de posséder ce crayon et un bout de papier pour s’improviser peintre ou illustrateur.

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